Enseignement
Cri d’enseignant : L’impasse du français au primaire Témoignage d’un enseignant au primaire, travaillant dans la région de Chiadma…(Photo:Maroc cour.fr)
Les nouveaux programmes définis par le ministère de l’éducation national et de la jeunesse, en langue française, sont loin de faciliter la tâche d’enseignement/apprentissage. Changés déjà deux à trois ans, les programmes sont devenus une véritable impasse pour apprendre une langue étrangère comme telle, surtout dans un environnement ; pareil au monde rurale.
En effet, il suffit de demander à un enseignant de primaire : « Avec quel programme vous travaillez ? ». Il répondra : « l’année dernière, je travaillais avec mes apprentissages, mais comme l’inspecteur a prévu « l’oisis » pour cette année, nous avons changés de manuels ».
Une situation qui dérange beaucoup. Tout d’abord, parce que les élèves ne sont pas des cobayes, avec lesquels, on teste des théories ; dont l’objet comporte des lacunes, et où le mobile commercial intervient dans le choix des manuels. Puis, un apprenant qui s’initie à une deuxième langue, dans un espace clos, comme celui des milieux ruraux, a une immense difficulté à suivre les leçons. Comment parvenir à écrire sur une feuille si légère, avec un stylo dont l’ancre coule intensément ? Une feuille blanche inapte à recevoir un savoir aussi opaque ; voilà la réalité de l’apprenant. Enfin, la complexité est achevée par la condensation des matières.
Les profs crient à leurs tours hâte, le changement des manuels n’est ni adéquat, ni pertinent. Pédagogiquement, les contenus ne vont guerre, avec le niveau hétérogène des élèves ; présupposés, ayant un bagage important dans l’avant primaire. Encore, les moyens ne sont pas les mêmes. Aussi, les conditions favorables à la réception du savoir sont de départ ombrageuses, vient s’ajouter, les nouveaux contenues et leurs miraculeuses évaluations.
Didactiquement, quoique le travail est plus réduit, plus aisé; derrière des slogans, à l’instar de : compétence, adaptation, décentralisation…, il existe une défaillance entre le temps, l’espace, le niveau et d’autre aspects qui restent hors perspective. La méthodologie par exemple de la lecture dans le manuel de la 3ème année ; stipule dans sa première séance : une activité préparatoire, suivie d’une lecture sur le livre. La première consigne dans l’activité préparatoire consiste à faire lire. Comment faire lire, si la séance de l’oral et de la lecture sont étroitement liés au niveau de la présence du propos, de la leçon ? C’est-à-dire ; la lettre de lecture « r » par exemple, est véhiculée d’une manière insuffisante dans l’orale, ou tout simplement, n’envisage que quelques combinaisons (ra, ri...), ce qui la rend plus difficile à cerner. Quant aux outils pédagogiques, l’opinion publique fait l’unanimité de leurs carences.
On a beau fait d’adapter les contenues, les méthodes, l’espace…l’impasse est flagrante, et le fait de laisser libre cour à notre guise n’est pas toujours clément, avec les supérieurs.
Paradoxalement, les responsables pédagogiques affirment la conformité des manuels, à l’esprit de la charte nationale de l’enseignement et de la formation, aux orientations et recommandations pédagogiques officielles, et aux programmes en vigueurs.
Toujours est-il que pour parvenir aux objectifs envisagés par ces textes officiels. Il faut passer obligatoirement par le manuel scolaire, ce-ci d’une part. De l’autre, la marge laissée aux enseignants vis-à-vis des latitudes, en vue d’adapter les démarches proposées à leurs environnements pédagogiques ; est loin d’être le remède efficace à un résultat décevant de jour en jour.
Comment donc agir ? Lorsque le résultat est déficient, lorsque les responsables pédagogiques vient vous dire : insister exclusivement sur les maths, l’écrit et la lecture ? Pourquoi donc tout ces changements ? De que quelle qualité parle-t’-on ? Qui en est le responsable ? Les anciens manuels, sont-ils si archaïques, pour être mis à l’oubli? Ou, c’est tous simplement la réaction canonique à chaque changement ? La vérité est à chercher sans doute derrière les textes officiels, chez les enseignants, mais pas chez les apprenants.